Une fois le point de vue choisi, il est nécessaire de chercher dans les textes les éléments qui pourront l'appuyer.

 

Une première lecture a permis d'identifier certains de ces éléments (voir la leçon sur le point de vue). Parfois, une seconde lecture devient nécessaire et est alors plus systématique : on sait quoi chercher (les passages précis qui permettent d'appuyer le point de vue retenu). De plus, cette seconde lecture peut servir à relever des caractéristiques formelles qui pourraient enrichir l'argumentation.

 

Deux étapes sont à suivre :

 

1. regrouper les passages qui se rapportent au point de vue à défendre sous des idées communes qui serviront alors d'arguments (les passages en question deviennent ainsi des preuves);
   
   
2. choisir les idées qui semblent utiles à la défense du point de vue (les arguments) et les organiser les unes par rapport aux autres de manière à créer une cohérence entre elles.

On regroupe les passages se rapportant à la même idée (c'est le principe de la ressemblance).

 

Par exemple, dans les textes de Molière et de Balzac, plusieurs passages se regroupent sous l'idée de «jeu de séduction», plusieurs autres sous celle de «conquête», d'autres encore sous celle de «fidélité/infidélité», etc. Un tel repérage sert ainsi à répondre à la première partie de la question (la conception de l'amour chez les personnages).

 

La deuxième partie de la question (la description de l'amour faite par les auteurs) se traite de la même manière : on examine si la forme des deux textes offre des similarités et des différences tout en les liant au point de vue à défendre. Par exemple, le texte de Molière présente une tonalité qui se rapproche de la plaidoierie, ce qu'on ne retrouve nullement dans le texte de Balzac où ce sont plutot les pensées des personnages qui sont présentées. Le genre de discours (théâtral chez Molière, narratif chez Balzac) favorise ces différences : la réplique théâtrale chez Molière présentant l'expression au grand jour des pensées des personnages alors que le point de vue intérieur (la focalisation interne) chez Balzac constitue une technique narrative pour présenter les pensées des personnages.

 

Les idées et les passages qui serviront à la démonstration du point de vue sont alors trouvées. Il s'agit maintenant de les organiser dans un ordre cohérent.

 

La cohérence de l'ordre, de l'organisation des idées dépend toujours d'une démarche logique, d'une sorte de règle que l'on s'impose. Cette démarche est généralement explicitée dans le sujet divisé et se manifeste par les transitions entre les paragraphes.

 

Ainsi, si l'on veut comparer deux textes, on n'obtiendra pas le même ordre logique que si l'on veut comparer les personnages de ces deux textes. Si l'on veut examiner les arguments favorables à un point de vue pour ensuite les opposer aux arguments défavorables afin finalement de tirer une conclusion, on n'obtiendra pas la même organisation des idées que si on veut démontrer les idées principales des textes qui illustrent et qui démontrent le point de vue retenu.

 

Ces variantes expliquent qu'il y a plusieurs façons d'établir la cohérence des idéesprésentées dans la dissertation. Ces façons correspondent à différents types de plans.

 

Voici différents exemples de plans qui organisent les idées de manière différente mais qui pourtant cherchent tous à défendre, à propos du sujet portant sur la conception de l'amour de Dom Juan et des personnages de Balzac, le point de vue que la conception de l'amour est similaire chez les personnages mais que la description qu'en font les auteurs n'est pas la même.

 

 

Le plan démonstratif

Le plan démonstratif consiste à organiser les idées de manière à démontrer l'existence et la pertinence du seul point de vue retenu dans les textes à l'étude. Les arguments servent alors à avancer des idées qui défendent ce point de vue. Les passages retenus servent d'illustrations, donc de preuves. On ne compare pas les textes ou des éléments précis de ceux-ci (comme les personnages, par exemple): on se contente de montrer que l'idée retenue se retrouve dans les deux textes, indépendamment d'une quelcconques comparaison.

 

Par exemple :

1. la conception similaire de l'amour chez les personnages

1.1 les jeux de séduction chez Don Juan et chez Mme de Nucingen
1.2 le désir de conquête amoureuse chez Don Juan et chez Eugène de Rastignac
1.3 la réserve morale de Sganarelle, serviteur de Don Juan

2. la description différente de l'amour chez les deux auteurs

2.1 la tonalité de plaidoierie chez Molière
2.2 le point de vue intérieur (focalisation interne) chez Balzac
2.3 la parole versus le silence

C'est ce plan qui est présenté dans l'exemple de dissertation sur Molière et Balzac qu'on peut consulter en cliquant ici.

 

Un autre exemple de plan démonstratif se retrouve dans l'exemple de dissertation sur un texte de Daudet, exemple que l'on peut consulter en cliquant ici.

 

Le plan comparatif

Dans le plan comparatif, les idées sont présentées dans la comparaison de deux ou de plusieurs éléments (deux textes, trois personnages, etc.). La cohérence est établie par la nécessité de comparer une même idée dans plus d'une manifestation. Le point de vue est alors défendu par le résultat de la comparaison.

 

Par exemple, on peut comparer la conception de l'amour chez Molière et chez Balzac ; ou bien chez Don Juan et chez Rastignac, etc.

 

Mais attention: ce type de plan est valable si et seulement si la question demande de vérifier la similarité entre deux choses ("de manière similaire", "de la même façon", "sont semblables", etc.).

 

Voici deux exemples de plan comparatif. Le premier est construit selon la règle qui consiste à comparer deux textes, le second selon la règle qui consiste à comparer des personnages.

 

Exemple 1 : comparaison entre deux textes

1. le texte de Molière

1.1 la conception de l'amour selon Don Juan et selon Sganarelle
1.2 la description de l'amour (discours théâtral, tonalité de la plaidoierie)

2. le texte de Balzac

2.1 la conception de l'amour chez Delphine de Nucingen et chez Eugène de Rastignac
2.2 la description de l'amour (discours narratif, point de vue intérieur)

3. comparaison

3.1 conception similaire : séduction, conquête
3.2 description différente : focalisation interne vs tonalité de la plaidoierie

 

 

Exemple 2 : comparaison entre les personnages

1. la conception de l'amour

1.1 Don Juan vs Delphine de Nucingen
1.2 Don Juan vs Eugène de Rastiganc
1.3 Sganarelle vs les autres personnages

2. la description de l'amour

2.1 chez Molière
2.2 chez Balzac

3. comparaison

3.1 conception similaire
3.2 description différente

 

On pourrait multiplier les exemples de plans comparatifs. Le principe reste toujours le même: il suffit de confronter deux éléments tirés des textes. On pourrait par exemple examiner la conception de l'amour des personnages masculins par rapport à la conception de l'amour des personnages féminins. Dans ce cas, la règle logique qui établirait la cohérence de l'organisation des idées serait le sexe des personnages.

 

L'important est d'établir une telle règle logique que l'on respectera tout au long de la dissertation, ce qui devrait assurer la cohérence des idées du texte.

 

Le plan dialectique

Un autre plan qui fonctionne sur la base de la confrontation d'éléments, c'est le plan dialectique. C'est un plan propice au débat, à la discussion où on confronte des idées différentes, voire opposées. L'intérêt de ce type de plan pour l'épreuve, c'est que peu importe la question posée, ce plan est toujours pertinent (ce qui n'est pas le cas du plan comparatif, par exemple, qui se limite aux questions exigeant comparaison).

 

Dans ce type de plan, on examine les arguments en faveur d'un point de vue (thèse), puis les arguments en sa défaveur (antithèse) pour finalement trancher la question (synthèse) en choisissant un point de vue ou en en formulant un nouveau à la lumière de la confrontation de la thèse (arguments favorables) et de l'antithèse (arguments défavorables).

 

C'est le plan où on pèse le pour et le contre d'une question, où on examine les deux faces de la médaille avant de conclure laquelle il faut retenir ou ne pas retenir, ou quels aspects de chaque face il faut considérer. L'ordre de ce plan est pré-déterminé : on présente une thèse, son antithèse et on fait la synthèse des deux en les confrontant.

 

Un problème fréquent rencontré dans les copies d'élèves utilisant ce type de plan est l'impression de contradiction qui peut facilement ressortir de ce genre de plan. Souvent, cette fausse impression est simplement causée par l'absence de transitions adéquates montrant clairement la démarche logique retenue par l'élève (le passage de la thèse à l'antithèse). Il est facile d'utiliser des phrases de transitions montrant clairement les parties.

 

Par exemple, pour montrer le passage de la thèse à l'antithèse :

 

 

Ou pour montrer le passage de l'antithèse à la synthèse :

 

 

Voici un exemple de plan dialiectique toujours sur la question de la conception de l'amour chez Molière et chez Balzac :

1. thèse : arguments favorables au point de vue

1.1 les jeux de séduction chez Don Juan et Delphine de Nucingen
1.2 le désir de conquête chez Don Juan et Eugène de Rastignac
1.3 un même champ lexical de la conquête dans les deux textes

2. antithèse : arguments défavorables au point de vue

2.1 l'importance de la fidélité chez Delphine et non chez Don Juan
2.2 l'importance du respect de la morale chez Sganarelle et non chez les autres
2.3 tonalité et point de vue différents dans les deux textes

3. synthèse : arguments défavorables moins importants que les arguments favorables

3.1 les jeux de séduction et le désir de conquête concernent la majorité des personnages
3.2 la fidélité est un désir de Delphine mais elle ne la respecte pas elle-même
3.3 Sganarelle est un personnage peu important
3.4 la forme est très différente sauf pour la présence du champ lexical de la conquête

 

On peut consulter un exemple de dissertation portant sur un autre sujet mais rédigée à partir d'un plan dialectique en cliquant ici.

 

Ces différents exemples de plans montrent bien qu'un même point de vue peut se défendre de plusieurs manières différentes.

 

Ce qui est important de retenir, c'est que l'organisation des idées doit se faire autour d'une règle , d'une démarche logique que l'on respectera tout au long de la dissertation. Il n'y a pas de plan meilleur ou pire... il suffit de rester cohérent en organisant ses idées selon une règle logique.

 

Mais attention : le plan analogique (ressemblances / différences / analogie) et le plan comparatif sont souvent inadéquats pour traiter des questions qui ne demandent pas de vérifier la similarité d'un phénomène entre deux textes ou deux personnages.

 

Les plans "passe-partout", peu importe la question, demeurent le plan démonstratif et le plan dialectique.

 

Voici un tableau qui montre différentes façons d'organiser les idées en un plan donné: